Instantané théâtre
La revanche de Catherine Hiegel, guerrière, déchirée et magnifique
| 30.10.10 | 13h58 • Mis à jour le 30.10.10 | 13h58
EN DÉCEMBRE 2009, Catherine Hiegel a été mise à la retraite forcée de la Comédie-Française par certains de ses pairs réunis dans le comité qui décide du sort des acteurs de la troupe, dont elle était la doyenne. L'affaire a fait grand bruit, à l'intérieur et à l'extérieur de la maison.
Cette éviction, liée à des querelles internes, était une erreur : Catherine Hiegel manque à la Comédie-Française. Mais elle ne manque pas à ses admirateurs, qui peuvent la voir dans le théâtre privé, où elle avait commencé sa carrière, côté boulevard, avant d'intégrer la troupe de Molière, en 1969.
En ce moment, elle joue La Mère, de Florian Zeller, dans la petite salle du Théâtre de Paris. Et elle est démente, dans le rôle d'Anne, une femme âgée de 55 ans qui se retrouve seule : ses enfants sont partis, et son mari est en train de la quitter. Il lui reste le whisky, les cachets, de la haine, du désespoir, et une bonne qualité, du point de vue du théâtre : ce n'est pas une victime sympathique que Florian Zeller se contenterait de plaindre. Elle déteste sa fille, se pose en monstre d'amour pour son fils, et en furie pour son mari.
Le texte de Zeller n'a rien d'immortel, mais Catherine Hiegel s'en empare d'une façon telle qu'on oublie ses failles et ne voit qu'elle. En jeans et ballerines, le visage marqué, elle joue comme une guerrière, déchirée et magnifique : une femme dont le sol s'ouvre sous les pas, et qui s'accroche, se bat. L'étendue des sentiments que l'actrice développe est impressionnante. Il couvre tous les champs de la vie qui dans sa rage éclate, comme un cri, une coquille de noix broyée. Vous en restez cloué de stupéfaction sur votre fauteui
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